Compte-rendu de la réunion du GT LEA-LSP, 25/03/2024

 

Présents : Sophie Belan, William Kelleher, Julie Pavageau, Andrew Rossiter, Anthony Saber, Adam Wilson

Excusés : Audrey Cartron, Margaux Coutherut, Evgueniya Lyu

  1.  Introduction des Responsables du GT LEA-LSP

Adam Wilson fait un bref historique du GT, il rappelle qu’il s’agit d’un GT récent qui cherche à développer des projets communs autour de la LEA et des langues de spécialité.

 

  1. Présentation de la formation LEA à l’Université Sorbonne Paris Nord par Anthony Saber (Professeur en LEA à l’Université Sorbonne Paris Nord)

Anthony Saber commence par mentionner la Journée d’études organisées à l’Université Sorbonne Paris Nord en novembre 2025 (l’appel à communication est joint à ce CR). L’idée de ces journées est de faire un état des lieux de la réflexion sur les pratiques pédagogiques en LEA. Elles pourront représenter le premier volet d’un cycle de journées consacrées à la filière LEA.

Anthony Saber présente ensuite son parcours et son poste actuel, en filière LEA à l’Université Sorbonne Paris Nord, où il enseigne sur l’ensemble du cycle de la L1 au M2.

Il s’agit d’une licence généraliste sans coloration particulière sinon l’orientation classique vers l’entreprise et l’insertion professionnelle. Le master est orienté vers le monde des assurances (MIA – Management international des assurances). Cette formation souffre d’une histoire institutionnelle tourmentée avec la fermeture de la L1 entre 2019 et 2022.

Quelques difficultés existent en première année :

  • Absence de maitrise du recrutement en L1 avec Parcoursup
  • Déficit d’attractivité L1 par rapport aux autres universités parisiennes
  • Obligation de servir toutes les places (60+20 redoublants)
  • Certains élèves n’ont pas les prérequis linguistiques, d’où un taux d’échec important

En revanche, le master MIA, en alternance, est un succès avec un bon niveau général, une bonne insertion professionnelle et un positionnement original. 

La structure de la formation est classique : un bloc langues (traduction et langue commerciale, civilisation), un bloc monde des affaires (droit, économie, gestion), un bloc d’enseignements d’ouverture (panel d’enseignements transversaux) et des stages obligatoires

La question de l’UE traduction se pose : quelle peut être la place de la traduction pragmatique avec les IA ? Il est nécessaire d’accorder la priorité à l’oral pour contrer les IA et maintenir la crédibilité des enseignements de langue.

La question de la spécificité des enseignements de civilisation se pose également dans la mesure où ils sont rarement pensés en cohérence avec les objectifs de la filière.

Enfin, Anthony Saber remarque qu’une formation purement applicative serait un appauvrissement et qu’il faut maintenir un équilibre et une ambition pour la filière LEA.

Julie Pavageau souligne l’idée qu’il faut diminuer la part de l’écrit avec les IA et faire plus d’oral, des dossiers de synthèse à l’écrit ou des simulations de réunions de travail.

Sophie Belan explique qu’à l’université de Nantes, le thème et la version en tant que tels ne sont plus enseignés en anglais mais l’approche par tâches est privilégiée.

Anthony Saber ajoute qu’il est important de faire dialoguer les enseignants de langue avec les enseignants de matières d’application pour mieux comprendre les besoins. On peut également interroger les alternants sur leur utilisation de la langue. Sur le modèle des licences professionnelles ou des BUT, il serait intéressant de construire un réel référentiel pour les LEA qui décrirait les contenus de cours adaptés pour la filière.

Andrew Rossiter souligne que les filières LEA doivent insister sur leur spécificité et affirmer leur spécificité. Il a publié un livre de grammaire adapté pour les filières LEA.

https://linguapress.com/grammar/grammaire-descriptive-anglais.htm

 

  1. Présentation et séance de questions/réponses autour de l’histoire des formations en LEA avec Andrew Rossiter (Auteur et Linguiste, anciennement MCF en LEA à l’Université de Franche-Comté, Besançon)

Andrew Rossiter explique que cette année, on fête les 50 ans de la filière LEA mais les problèmes n’ont pas changé, notamment la difficulté de faire apparaître ses spécificités et ses réussites. L’article sur Wikipedia qui décrit la filière est truffé d’erreurs. (il affirme notamment qu’il y a une sélection dans la filière et que les étudiants sont de haut niveau)

Il décrit l’historique de la formation LEA à Besançon depuis 1975. Il y avait peu d’étudiants au début mais des enseignants qui faisaient en sorte que la formation fonctionne. Au début, il n’y avait pas de compensation entre les modules (jusqu’aux années 1990). Tout était obligatoire. La LEA s’est imposée petit à petit grâce à une identité défendue aux instances universitaires / au CA, en montrant sa spécificité et que les étudiants réussissent. La LEA de Besançon bénéficie également d’un fort ancrage dans le tissu économique régional, ce qui a contribué à créer son identité. Il y a aussi eu une évolution de la perception des LEA au fil des années, fondée notamment sur les recrutements de profils atypiques.

Il insiste sur la nécessité de valoriser la formation après des collègues, de l’université, des étudiants, des professionnels, notamment par le biais des forums de lycéens.

Beaucoup d’informations sur la filière se trouvent sur le site de l’ANLEA, ainsi que des informations sur le devenir des diplômés LEA.

Julie Pavageau souligne qu’à Nantes aussi, les relations avec les entreprises sont fortes, via notamment des conférences métier, pour promouvoir la réussite des étudiants.

Conférences métier à Nantes, relations fortes avec les entreprises, promouvoir la réussite des étudiants. Partage d’expérience anciens / actuels étudiants.

Anthony Saber remarque un éclatement des formations LEA, ce qui est une richesse et une faiblesse. Les filières qui ont du succès ont un standard commun de formation et des référentiels nationaux. Il y a peut-être là un travail à faire, conjointement à l’ANLEA, qui est l’interlocuteur auprès du ministère.

 

  1. Présentation du projet de recherche Transformations Sociolinguistiques du Travailet ses liens avec le GT LEA-LSP (Adam Wilson, MCF en LEA à l’Université de Lorraine)

Il s’agit d’un projet qui porte sur les nouveaux métiers de la langue : créateurs de contenu, community manager, influenceur, notamment. Un volet consiste à étudier comment la communication se passe en live et sur les plateformes telles que Slack ou Teams.

  1. Discussion autour de l’avenir du GT LEA-LSP

Le GT pourrait s’intéresser à un catalogue des formations LEA pour recenser ce qui est proposé dans les différentes universités. Il est possible de regarder les intitulés de cours en licence mais il faut aussi avoir une approche qualitative parce que les intitulés de cours ne sont pas toujours très explicites. Il serait intéressant d’avoir une vision nationale de la formation.

Intitulés de cours de licence : avoir quelque chose de qualitatif parce que les intitulés de cours ne sont pas très explicites. Avoir une vision nationale de la formation.

 

Journées d’étude à l’Université Sorbonne Paris-Nord

Enseigner l’anglais aujourd’hui et demain dans les filières LEA : pratiques pédagogiques et programmes

 

29-30 novembre 2024

Université Sorbonne Paris-Nord

Université de Grenoble

Université de Lorraine

Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis

Avec le concours du Groupe de Travail “LEA” du GERAS

 

Comité d’organisation

Alice Brunet, Grégory Furmaniak, Gwen Le Cor, Caroline Peynaud, Anthony Saber, Adam Wilson

 

Appel à communications

Les formations en langues étrangères appliquées (LEA) ont connu un développement significatif et une forte diversification depuis leur lancement en 1973. Selon Elisabeth Crosnier (2002 : §4), ces filières furent créées afin de proposer des formations en langues étrangères pour des personnes qui ne visaient pas une carrière dans l'enseignement. Dès l’origine, elles s’affirmèrent comme des formations professionnalisantes et interdisciplinaires, incluant deux langues étrangères ainsi que des matières appliquées préparant les étudiants aux fonctions internationales des entreprises et des organisations. Pour Dominique Perreau (1990), il s’agissait aussi d’accroître la spécialisation des étudiants et de leur ouvrir des débouchés plus larges.

Profilées vers certains secteurs d’activité économique (commerce international, vente, assurances, marketing, traduction…), les filières LEA accueillent aujourd’hui plusieurs dizaines de milliers d’étudiants sur l’ensemble du territoire national, et représentent donc un enjeu très significatif dans la formation en langues, notamment en anglais commercial et en anglais de l’entreprise.

Pour autant, la formation en langue anglaise y semble encore peu codifiée : on y observe en effet une grande diversité des approches pédagogiques et une multiplicité des objectifs de formation. À la différence des licences professionnelles (ou « bachelors universitaires de technologie » depuis 2019[1]), les filières LEA ne disposent pas de programmes ni même de recommandations au plan national en matière d’enseignement de l’anglais. Par ailleurs, comme le souligne Michel Van der Yeught (2014 : §15), elles ne sont pas assimilables aux secteur LANSAD, car « les synergies entre les LEA et le LANSAD sont nombreuses, mais les LEA [...] restent des formations de langues et [...] les domaines professionnels auxquels elles sont appliquées sont assez divers et n’aboutissent pas à une formation en langues de spécialité ». En outre, les enseignants d’anglais interviennent dans cette filière sous de multiples statuts (enseignants-chercheurs, agrégés, vacataires, maîtres de langues, coachs d’anglais, professionnels en entreprise...) et n’ont en général pas bénéficié de formations les préparant à enseigner un anglais professionnalisant. Aussi, comme le relèvent Mathilde Gaillard et Caroline Peynaud (2022), les enseignements de langues dispensés en LEA, notamment en licence, demeurent encore aujourd’hui relativement peu formalisés.

Face à ce constat, les équipes LEA de l’Université Sorbonne Paris-Nord, l’Université de Grenoble, l’Université Paris 8 et l’Université de Lorraine organisent deux journées d’étude les 29 et 30 novembre autour des pratiques pédagogiques et des programmes en LEA.

Les propositions de communications répondront notamment aux questions suivantes :

  • Comment adapter les contenus et les objectifs de formation en anglais aux débouchés des différentes filières LEA ?
  • Est-il possible de mieux formaliser les programmes de formation en anglais en LEA ?
  • Quels contenus pédagogiques, quelles approches peut-on recommander pour enseigner l’anglais en LEA ?
  • Peut-on recenser des pratiques innovantes pour l’enseignement de l’anglais en LEA, notamment en matière de formation hybride ou distance (Patricia Minacari 2023) ?
  • Quelle doit être la place des contenus culturels ou liés à la civilisation de l’aire anglophone dans les filières LEA ?
  • Est-il possible ou souhaitable de développer les liens entre les cours d’anglais et les enseignements disciplinaires ?
  • Les filières LEA connaissent des flux importants d’inscription chaque année. Comment assurer des cours d'anglais efficaces et adaptés dans le contexte d’un enseignement de masse ?
  • Comment gérer la grande hétérogénéité des niveaux d’anglais dans les filières LEA ?
  • Comment organiser et suivre la progression longitudinale des étudiants en anglais entre la licence et le Master ?
  • Quelle est ou devrait être la place des certifications d’anglais en filière LEA ?
  • Elisabeth Crosnier (2002 : §17) relève que « les étudiants [en LEA] ont parfait leurs connaissances de la langue sans réellement avoir accès à des domaines spécialisés en vue d’applications. Ils ont emmagasiné des savoirs disciplinaires théoriques en circuit fermé, acquis indispensables, mais coupés de la réalité professionnelle ». Comment mieux professionnaliser l’enseignement de l’anglais et sensibiliser les étudiants à des situations de communication authentiques ?
  • Mathilde Gaillard et Caroline Peynaud (2022 : §32) notent que « le spécialisé tel qu’il apparaît dans les descriptifs [...] de formations [LEA] peut être qualifié de ‘spécialisé d’initiation’, au sens où de nombreux sujets en lien avec le milieu professionnel sont abordés, mais qu’aucun n’est réellement approfondi en vue d’une spécialisation professionnelle ou disciplinaire ». Est-il possible de conférer aux enseignements d’anglais en LEA une dimension véritablement spécialisée ?
  • Quelles évolutions peuvent être anticipées en matière d’anglais en LEA à l’avenir ?

N.B. Les descriptifs et les analyses de pratiques pédagogiques seront également bienvenus lors de ces journées d’étude.

 

 

Adresser vos propositions (300-600 mots, français ou anglais) avant le 15 septembre 2024 à :

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Références

Crosnier, Elisabeth 2002, « De la contradiction dans la formation en anglais Langue Étrangère Appliquée (LEA) », ASp. la revue du GERAS, 35‑36, 157‑166.

Gaillard Mathilde et Caroline Peynaud, 2022, « Spécialiser la LEA ? De l’intérêt de l’étude des discours, milieux et cultures spécialisés pour concevoir les enseignements en Langues étrangères appliquées », ASp. la revue du GERAS, 81, 29‑43.

Minacori, Patricia, 2023, « Collaboration à distance : formation et recherche à Université Paris Cité en communication technique et traduction pragmatique », RILEA (Association Nationale LEA), 2.

Perreau, Dominique, 1990. « Langues Étrangères Appliquées. Un succès à double tranchant ».  Avenirs, ONISEP 419-420, 84-87.

 

 

 

[1] < https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/lp-86602 >, consulté le 18 janvier 2024.