Hommage à Monique Mémet
Monique Mémet, maître de conférences honoraire à l’École normale supérieure Paris-Saclay, nous a quittés le 23 avril 2021. Monique a joué un rôle central pour notre société savante et, au-delà, pour toute la communauté des anglicistes français.
Après une licence d’anglais, obtenue en 1968 à la Sorbonne, Monique Mémet aborde la recherche en se spécialisant en littérature et en civilisation américaines et obtient en 1970 une maîtrise à l’université de Vincennes Paris VIII. Elle réussit en 1972 le concours externe du Certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré en anglais et elle est recrutée en 1974 à l'université Paris XII où elle enseigne dans les instituts universitaires de technologie (IUT) de Créteil et d’Evry. Outre ses cours, elle prend en charge le service des langues et la section « langues » du département « Techniques de commercialisation ». Elle assure également pendant cette période des enseignements à l’IUT de Paris et est chargée de cours à l’université Paris IV et à l’université Paris VIII.
Elle commence à se passionner pour l'anglais de spécialité et réussit en 1991 le Diplôme d’études approfondies (DEA) en « langue et linguistique anglaises » de l’université Paris 3 Sorbonne Nouvelle, pour lequel elle obtient la mention « Très bien ». Puis, en décembre 1994, elle se voit décerner l'un des premiers doctorats français dans le champ de la langue de spécialité et de la didactique de la langue, conduit sous la direction du Professeur Michel Perrin à l'université Bordeaux II. Le titre de la thèse est « Anglais de spécialité dans le domaine du génie électrique : aspects sociolinguistiques et applications didactiques ». Les membres du jury, outre le Professeur Michel Perrin, sont les Professeurs Jean-Marie Baïssus (université Paul Valéry Montpellier III), Léo Carruthers (université Paris IV Sorbonne) et Florent Chavand (CNAM et IUT de Créteil). Ils lui ont attribué à l’unanimité la mention « Très honorable » et la reproduction en l’état de la thèse a été autorisée. En conclusion, les mots choisis par Jean-Marie Baïssus résument déjà très précisément l’une des plus grandes réussites de la carrière de Monique Mémet, puisqu’il souhaitait alors « que la candidate fasse beaucoup d’émules dans la grande diversité des champs disciplinaires d’application ».
À la suite de sa qualification par la 11e section du Conseil national des universités (CNU) en 1995, Monique Mémet est recrutée en tant que maître de conférences en anglais à l'université Paris I. Elle y assume la coresponsabilité du centre de langues multimédia et elle est engagée pour la conception et la mise en œuvre de projets pédagogiques adaptés aux étudiants spécialistes des sciences humaines. Quelques années plus tard, en 2001, Monique Mémet est recrutée au département d’anglais de l’École normale supérieure de Cachan où elle exerce ses fonctions d’enseignant-chercheur jusqu’à son départ à la retraite en 2008. Auteur de fiches pratiques et d’articles de recherche en français et en anglais, elle a dirigé plusieurs ouvrages collectifs et numéros spéciaux de revue. Ses thématiques de recherche sont l’enseignement de l’anglais de spécialité et l’histoire du développement de la recherche dans ce champ et elle s’intéresse également aux questions de rédaction scientifique.
Monique Mémet a été un membre très actif de l'équipe de recherche nationale constituée pour la création, en 1991, du premier DEA d'anglais de spécialité de l'université Bordeaux II. Elle est nommée membre de la 11e section du CNU en 1999 et y être élue en 2001. Elle a également siégé dans plusieurs commissions de spécialistes pour Paris I, Rennes II et Paris XI.
Monique Mémet a occupé un poste de vice-présidente de la Société des anglicistes de l’enseignement supérieur (SAES). Elle a joué un rôle clé dans le développement des sociétés savantes dans le domaine des langues pour spécialistes d'autres disciplines (LANSAD). Tout d'abord, par son engagement au sein de l'Association des professeurs de langues des IUT (APLIUT), dont elle a été présidente de 1995 à 1997, et au sein du Groupe d'étude et de recherche en anglais de spécialité (GERAS), en qualité de membre du bureau de 2006 à 2008, mais surtout en tant que cheville ouvrière de l'ombre, apportant son aide précieuse et constante à l'ensemble des conseils d'administration successifs, des présidents et de la présidente, de 1990 jusqu'à sa disparition. Elle s'est formidablement investie dans le développement de la recherche structurant le secteur LANSAD, en créant des ponts avec les chercheurs et les chercheuses anglophones et avec les revues internationales les plus prestigieuses dans le domaine de l’English for Specific Purposes, en tant que rédactrice-en-chef adjointe (1992-1997), rédactrice-en-chef et directrice des Cahiers de l'APLIUT (1997-1998), puis en tant que rédactrice-en-chef adjointe (2002-2013) et responsable de la revue électronique (2013-2021) de ASp.
Les GERASsiennes et les GERASsiens lui ont rendu hommage le 5 mai 2021. Un numéro spécial de la Lettre du GERAS est en préparation et la trésorière du GERAS a ouvert une cagnotte dont les fonds seront reversés aux services de néphrologie et d'hématologie de l’Hôpital Necker qui ont accompagné Monique pendant dix-huit ans.
Monique avait exprimé le souhait d'une contribution à la recherche contre le cancer. Cette cagnotte est une façon pour notre communauté de rendre hommage aux soignants qui se sont si bien occupés d'elle pendant toutes ces années.
Séverine Wozniak, Présidente du GERAS, pour le Conseil d’administration, 6 mai 2021.