Appel à contributions - Les Langues Modernes 3-2017 : « Les langues de spécialité aujourd’hui dans le secondaire et dans le supérieur »

 

Coordination  : Jean-Marc Delagneau
Calendrier  : 
- Publication de l’appel à contributions : septembre 2016 
- Propositions d’articles au coordonnateur et au rédacteur en chef : 15 novembre 2016 
- Réponses du coordonnateur et du rédacteur en chef : 30 novembre 2016 
- Retour des tapuscrits : 30 janvier 2017 
- Comité de lecture : mars 2017 
- Retour des textes finalisés : 15 juin 2017 
- Publication du numéro 3-2017 des Langues Modernes : septembre 2017

Contacts : Jean-Marc Delagneau : This email address is being protected from spambots. You need JavaScript enabled to view it.
Copie au rédacteur en chef des Langues Modernes : Pascal Lenoir : This email address is being protected from spambots. You need JavaScript enabled to view it.

Orientation du numéro :
Les langues de spécialité ont pris une place de plus en plus importante dans les enseignements de langues vivantes dispensés dans un nombre croissant de filières de l’enseignement secondaire comme de l’enseignement supérieur. Autrefois enseignées quasi essentiellement dans les filières professionnelles relevant de l’enseignement technique implantées dans les lycées professionnels, les lycées techniques avec leurs sections de techniciens supérieurs et leurs classes préparatoires, les IUT et les écoles d’ingénieurs, ainsi que dans les établissements formant des traducteurs et des interprètes, elles sont aujourd’hui présentes dans un nombre de plus en plus varié de cursus scolaires et universitaires. L’élargissement des contenus d’enseignement, à la fois au niveau disciplinaire et au niveau linguistique ainsi que le développement des cours de langues vivantes pour spécialistes d’autres disciplines que linguistiques dans de nombreuses filières, suite au processus de Bologne, a considérablement accru l’éventail des langues de spécialité enseignées en France et en Europe. Aujourd’hui les enseignements de langues destinés aux étudiants des différents domaines des sciences humaines, de la littérature et des arts, sont la plupart du temps en rapport avec leurs disciplines dominantes et sont de facto des langues de spécialité, dénomination autrefois incongrue, voire péjorative aux yeux des acteurs de ces filières.

Parallèlement à cette évolution sur le terrain, une mutation importante s’est effectuée depuis la deuxième moitié du vingtième siècle au niveau de la recherche en linguistique appliquée consacrée aux langues de spécialité. Si la dimension terminologique conserve une place importante liée au rôle du lexique spécialisé dont l’analyse a pu être affinée grâce à de nouveaux outils numériques, la prise en compte des nombreux autres aspects de la communication spécialisée a permis la réalisation de nombreux travaux, notamment dans les domaines de la syntaxe, la phraséologie et l’analyse du discours, dans une approche intégrative des langues de spécialité. Aujourd’hui, la plupart des spécialistes s’accordent pour considérer qu’une langue de spécialité est définie par la totalité des moyens linguistiques utilisés dans un domaine de communication, dont on peut délimiter la spécialisation, pour permettre la compréhension entre les acteurs de ce domaine.

Plusieurs dénominations sont aussi utilisées pour désigner les langues enseignées dans ce contexte, comme « langues à objectifs spécifiques » ou « langues spécialisées », tandis que le rapport entre « langues pour spécialistes d’autres disciplines » et « langues de spécialité » fait parfois l’objet d’âpres débats où la démarche didactique et l’utilisation des nouvelles technologies numériques pour l’enseignement prennent souvent le pas sur les contenus linguistiques spécialisés. Mais le profil actuellement majoritaire des postes d’enseignants ouverts au recrutement dans les établissements d’enseignement supérieur, comme les besoins des apprenants dans les différentes filières spécialisées de l’enseignement secondaire ou post-baccalauréat, montrent que l’essentiel des langues enseignées dans le cadre des langues pour spécialistes d’autres disciplines relèvent bien des enseignements de langues de spécialité, certes à des niveaux de spécialisation divers, selon les filières et les niveaux d’études. Même dans l’enseignement général secondaire, des collègues peuvent désormais être amenés à initier leurs élèves à quelques dimensions linguistiques relevant des langues de spécialité dans le cadre de la préparation de leurs élèves à des stages en entreprise, et ceci dès le collège.

C’est aussi dans le secteur des langues de spécialité que se joue aujourd’hui l’avenir de la diversification linguistique dans le cadre de l’apprentissage institutionnel des langues vivantes. La mondialisation a eu pour effet pervers de faire croire en l’universalité et la suprématie d’un seul vecteur de communication, l’anglais en tant que lingua franca, langue aseptisée par essence et déconnectée de tout contenu culturel. Des responsables politiques éducatifs en ont donc déduit, avec la pression de certains milieux économiques, qu’il fallait privilégier l’apprentissage de cette lingua franca, seul véhicule linguistique universel spécialisé des activités concernées par la mondialisation des échanges, avec en plus des réductions importantes de coût de fonctionnement des systèmes éducatifs. Les langues vivantes, et les langues de spécialité en particulier, subissent donc les contrecoups de ces préjugés qui ne tiennent pas compte de l’apport au niveau interculturel de la connaissance de la langue-culture du partenaire pour toute coopération commerciale, scientifique ou technique dans tous les domaines. Or les langues de spécialité sont des formes des langues-cultures respectivement concernées.
L’accès aux travaux et publications sur les langues de spécialité demeure encore trop confidentiel et beaucoup d’enseignants concernés, souvent isolés dans le cas de langues à effectifs réduits ou nommés sur des postes dédiés aux langues de spécialité ne correspondant pas à leur formation initiale, doivent improviser une pédagogie adaptée sans aucun soutien. Les problématiques transversales, les recherches et les expériences pédagogiques multiples doivent aussi être partagées avec le plus grand nombre de collègues de tous les niveaux d’enseignement et de toutes les langues concernées.

Les contributions attendues se distribuent selon les axes suivants : 
- Expériences d’enseignements de langues de spécialité à tous les niveaux d’enseignement : enseignement secondaire général, enseignement secondaire professionnel, enseignement secondaire technique, sections de techniciens supérieurs, classes préparatoires, instituts universitaires de technologie, grandes écoles, universités, 
- Diversification linguistique en langues de spécialité, différentes langues enseignées dans les établissements, en France, en Europe et à l’étranger, 
- Contenus et supports pédagogiques, 
- Langues de spécialité et langues pour spécialistes d’autres disciplines (LANSAD), 
- Didactique des langues de spécialité, formation théorique et pédagogique des enseignants, 
- Traduction spécialisée, 
- Approches théoriques des langues de spécialité : aspects divers, axes de recherche en terminologie, phraséologie, syntaxe et analyse du discours.